Fidèle Ndjoulou est docteur en administration des affaires et fondateur de Fidelis conseil. Dans son quotidien, il est consultant et formateur agréé en prévention durable des accidents du travail. C’est après 20 ans d’exercice à titre d’inspecteur, puis de chercheur et d’enseignant à l’université de Sherbrooke, qu’il a décidé de fonder Fidelis Conseil, ne trouvant pas normal qu’avec toutes les ressources à notre disposition au XXIème que des personnes meurent encore au travail, parfois dans l’indifférence totale. Une situation qui vient le chercher personnellement.
Bien des entreprises croient à tort que la prévention n’est pas rentable et qu’elle ralentirait la production. Selon Fidèle, c’est parce qu’elles n’ont pas d’outil approprié et c’est pour cela qu’il décida de leur apporter directement son soutien, afin de les aider à transformer la santé et sécurité au travail en investissement.
Fidelis Conseil les soutient pour plus de productivité et moins d’accidents au travail par une évaluation de la prise en charge, des formations sur mesure et un accompagnement personnalisé. “On écoute, conseille, forme et accompagne les gestionnaires, les comités santé-sécurité, les dirigeantes et les dirigeants des entreprises (propriétaire, président, VP finances, directeurs d’usines ou de production, responsables des ressources humaines, gestionnaires SST), qui veulent rester conformes aux règles de santé et sécurité au travail et désirent développer une démarche de prévention durable des accidents du travail. Celle-ci les aide à implanter une culture de santé et sécurité au travail et à obtenir des ristournes de la CNESST. Pour l’illustrer, Fidèle précise que “si une entreprise paye actuellement 60 000 $ à la CNESST et que deux employés se blessent, l’un perdant la main, l’autre la vue, cette entreprise pourrait payer 100 000 $ pour longtemps. Alors, avec le plan de prévention durable des accidents du travail, développé à partir des meilleures pratiques de 120 entreprises finalistes du grand prix de SST entre 2005 et 2016, nous pouvons baisser ce montant de moitié. Ainsi, l’entreprise pourra investir la différence dans d’autres activités. Et par ricochet, elle enregistrera moins d’accidents et disposera d’un milieu de travail susceptible d’attirer et de fidéliser les talents”.
Avez-vous eu des peurs quand vous avez voulu vous lancer ? Non, répondit-il sans hésiter. “Je passe à l’action et je fonce. À trop réfléchir, on ne décolle pas vite. Alors, il m’arrive d’avoir une idée et je passe aussitôt à l’action. Et c’est après que je me rends compte de la situation. Est-ce que j’ai peur, non. Pour être plus précis, lorsque la peur veut s’installer, je me dis que je suis sur la bonne voie et c’est la raison pour laquelle je dois continuer. Donc, avec Fidelis conseil, certes, je n’étais pas assez connu du milieu des affaires, ça ne me faisait pas peur. Je sais que mon réseau est à construire. Je dois chercher des clients et c’est ce que je fais. Est-ce que les clients manquent ? Ils ne me connaissent pas, et j’y arrive”.
“Il y a une chose dont je suis certain, je vais toujours au bout de mes idées. Il semble que j’ai une grande confiance en moi. Lorsque je décide, je fonce. Les obstacles et ce que vous appelez échecs ne sont que des apprentissages pour moi. L’essentiel est que j’avance. Je peux changer de stratégie, mais pas d’objectif. J’atteins toujours mes objectifs. Peu importe les obstacles qui se multiplient et le temps que ça prend, mais je finis toujours par les réaliser”.
Le démarrage de son entreprise relève d’une simple expérience, selon Fidèle. “Je menais la recherche auprès des entreprises finalistes du grand prix de santé et sécurité au travail au Québec pour réaliser ma thèse de doctorat. En passant, la thèse a porté sur la pérennisation de la prise en charge de la santé et sécurité au travail par les entreprises. J‘ai décidé de réaliser des entrevues et à la fois avec les dirigeants et les employés que je qualifiais de porteurs de ballon en SST. Bien des participants me confiaient à la fin des entrevues qu’ils ne souhaitent pas avoir des articles scientifiques. Qu’ils souhaitent qu’on leur dise, voici le problème et comment le résoudre. Lorsque j’ai fini ma recherche, j’ai écrit un article comme ils me l’ont demandé. J’ai envoyé l’article aux participants pour les remercier. Et ils m’ont suggéré d’aller de l’avant. Puis, avec la pandémie, j’ai décidé d’apprendre quelque chose de nouveau, de concret et de pratique afin de valoriser la période confinement. Alors, j’ai décidé d’apprendre à développer un site internet. Et le formateur en ligne m’a suggéré de créer un site web et je me suis lancé. J’ai alors créé un blog avec une publication chaque jeudi à midi. Puis je recevais des appels me demandant de créer un cabinet et c’est parti. De fil en aiguille, Fidelis conseil est né. Comme je prends compte des feedbacks, cela m’a beaucoup aidé. À un moment, on m’a dit de partager les articles sur LinkedIn, c’est fait. Résultat, j’ai obtenu aussitôt une conférence à l’international, puis deux, et ainsi de suite… et un séminaire en voie de préparation. Toujours en suivant les conseils, j’ai créé une chaîne YouTube avec une vidéo chaque mardi. Je continuerai par prendre en compte les rétroactions qu’elles soient négatives ou positives, elles sont toujours les bienvenues. Je remercie mes followers, qui en réalité sont mes conseillers, parce que j’ai la tête plus dans l’enseignement à l’Université et ils me rappellent que je dois m’engager davantage avec Fidelis conseil. Voilà comment un simple désir de s’adapter à une période de crise devient une entreprise. Je me suis arrêté pour réfléchir. Puis j’ai commencé à donner forme à l’entreprise. Je me suis inscrit à la bosse des affaires, un programme maintenant d’Entreprendre Sherbrooke et le reste s’en est suivi. Je continue de me former. Actuellement, je suis sur deux programmes. Mes premières années visent essentiellement à me former et à développer mon réseau. Le reste suivra.
Ce qui fait vibrer Fidèle est la joie de contribuer à rendre des familles heureuses. Ayant assez vu les conséquences des accidents du travail sur les familles, il s’est engagé à faire de son mieux pour atténuer cette souffrance.
Selon lui, la confiance en soi, la persévérance, la résilience et la conviction de réussir sont les points forts dont il faut se doter pour détenir une entreprise pérenne.
Pour garder un équilibre entre le désir de succès de son entreprise, l’énergie que cela demande et la santé mentale de l’entrepreneur, Fidèle est quelqu’un qui met toujours son cerveau en activité avec une dose d’attitude positive en veillant à ce qu’il ne soit pas pollué. Chaque jour, il se concentre sur son objectif. “Comme je médite, je m’offre une bonne dose de cohérence cardiaque, une lecture de mes auteurs préférés, des vidéos de motivations et la discipline de marcher au moins cinq heures par semaine autour du Lac des nations ou sur le Mont Bellevue. Comme je pratique la lecture rapide, cela m’aide beaucoup. Chaque jour, je me donne un temps de silence dans un endroit pour réfléchir”.
Quelle anecdote marquante de votre parcours, vous avez envie de nous partager ?
“Certaines personnes m’ont demandé de solliciter des subventions pour lancer l’entreprise. Et lorsque je me renseignais, d’autres me conseillent de m’inscrire au BES. Je répondais que je ne comprenais pas le sens. On m’explique que c’est le bien-être social. Je répondais que je ne connaissais pas ça. Et on me riait au nez. Comme j’insistais pour comprendre, j’obtins la réponse.”
Comme conseil à donner à ceux qui veulent se lancer, Fidèle ajoute “c’est dans la piscine qu’on apprend à nager. Si vous avez le goût d’entreprendre un projet, plongez et apprenez au fur et à mesure. Le temps fera le reste. Concentrez-vous chaque jour sur votre objectif. Je sais que le chemin n’est pas fluide, mais il faut continuer. Vous serez tenté d’abandonner plusieurs fois, mais aller jusqu’au terminus”.